« Banishers. Ghosts of New Eden », un voyage captivant parmi les fantômes et les dilemmes


Se reposer au coin du feu permet d’améliorer son équipement mais aussi de se livrer à des confessions.

Le récit prend place au crépuscule du XVIIᵉ siècle, quand deux amants quittent le Vieux Continent en bateau pour New Eden, une province fictive du Massachusetts, non loin de Boston. Antea et Red, couple de « banisseurs » (néologisme éponyme qui désigne les exorcistes) investissent ce territoire hanté, planté des amples forêts dans lesquelles les premières colonies américaines se développent. Lors d’une première mission fatale, Antea trépasse et reste coincée sous une forme spectrale, condition qu’elle honnissait et chassait auparavant.

Jeu d’action teinté de jeu de rôle (les combats partagent beaucoup de points communs avec God of War), Banishers. Ghosts of New Eden (disponible le mardi 13 février sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series), propose également de longues phases lors desquelles l’on enquête sur les colons rencontrés au cours de l’aventure. Le couple progresse ainsi dans un monde semi-ouvert, se frottant aux nombreux fantômes belliqueux qui peuplent New Eden. Aussi bien dans la résolution d’énigmes que dans les affrontements, il convient d’alterner régulièrement entre les amants – deux personnages jouables, distincts mais complémentaires.

Si le Nouveau Monde est un territoire prétendument vierge, celui que pénètre le joueur révèle en réalité, progressivement, les maux du passé – en l’occurrence, ceux des colons dont nous découvrons peu à peu les trajectoires. A ce titre, le premier arc du jeu est une splendeur qui questionne les violences politiques et intimes d’une communauté en train de se constituer, nous obligeant au passage à prendre parti.

Sondant nos intentions et notre morale

C’est principalement autour de son récit et par ses embranchements moraux que Banishers. Ghosts of New Eden s’articule. Il prend à rebours l’architecture traditionnelle des jeux narratifs qui consisterait uniquement à observer, a posteriori, les conséquences de nos choix. Très tôt, sous la forme d’un pacte, il nous est réclamé de choisir une des deux directions : offrir à notre défunte amante son élévation (et lui faire ainsi nos adieux) ou lui permettre sa résurrection (au prix d’autres âmes à sacrifier). Il s’agira ensuite de conforter notre décision ou d’aller à son encontre. De respecter le contrat ou de le trahir.

Outre les phases de combat et d’exploration, le joueur sera donc amené à résoudre des « cas de hantise », c’est-à-dire à enquêter sur les destins des âmes torturées qui peuplent New Eden, terre de fléaux. Ils sont doublement complexes à résoudre : d’abord car ils nous confrontent à des dilemmes éthiques, le jeu faisant de nous un inquisiteur, chargé de blâmer, mortellement ou non, les vivants. Ensuite parce qu’ils nous questionnent perpétuellement sur les fondements de notre prise de décision inaugurale, sondant de bout en bout nos intentions et notre morale. Car entreprendre de ressusciter notre amante réclame d’ôter d’autres vies.

Le voyage à New Eden n’est pas de tout repos mais une courte promenade en barque ne fera de mal à personne.

Lors d’une admirable séquence intimiste, recroquevillée sur sa chaise en bois, une pâle sorcière aux longs cheveux blancs semble s’adresser directement au joueur : « Je ne juge pas le marché. Je m’inquiète de son prix. » Car c’est bel et bien la grande affaire de Banishers, telle une exquise torture auquel il se prête bien volontiers, de nous demander sans relâche le prix que nous serions prêts à payer par amour.

L’avis de Pixels

On a aimé :

  • le pacte inaugural qui interroge toute notre manière de jouer ;
  • l’écriture des personnages tous passionnants ;
  • l’ambiance maudite à souhait.

On a moins aimé :

  • les énigmes pas toujours inspirées ;
  • l’exploration de certaines zones qui s’étire inutilement en longueur.

C’est plutôt pour vous si :

  • vous êtes friand d’Edgar Allan Poe ;
  • vous voulez fracasser des spectres en tout genre ;
  • vous avez une planche ouija dans votre placard.

Ce n’est plutôt pas pour vous si :

  • faire le moindre choix vous effraie plus que les fantômes.

La note de Pixels :

8 Patrick Swayze sur 10 Demi Moore.



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